Je me perds dans la contemplation de ce que j'appelle "rien".

Il n'y a rien à faire, rien à voir, que de l'ennui. J'ai beau chercher chercher quoi faire rien ne me vient à l'esprit. je papillonne dans la maison, je touche à tout comme une petite gamine un peu maladroite. Ma mère me fait les gros yeux "va travailler" qu'elle me dit en fronçant les sourcils. Mais travailler aussi ça m'ennuie. Alors je préfère rêvasser mon ennui. Rêver ma vie de princesse, rêver mes rêves... La pluie tape contre les carreaux. Alors je vois les pauvres petites plantes dehors qui me regardent suppliantes. Je serre plus fort mon nounours et mon pull contre moi et je ferme les stores. Pas de compassion aujourd'hui, c'est ennuyeux ça aussi. Je fais le tour de la maison, à pas de loup, sans un bruit, j'écoute le silence qui se fait entendre parfois. Je regarde toutes les petites choses auxquelles on ne fait pas attention : la goutte d'eau acrobate sur le robinet, le petit grain de riz pas cuit qui se cache derrière le pot de fruit, le chocolat qui me susurre des mots doux depuis sa cachette secrète... Et puis j'ai un peu mal au ventre de penser à demain. Penser à tout ce que je vais devoir faire, à toutes les choses encore plus ennuyeuses que de s'ennuyer qui s'apprêtent à venir. J'hausse les épaules et je vais me préparer des fraises. Petite orgie fraisière. J'aime bien avoir froid au doigts de les laver et de les couper. Le jus qui coule un peu partout sur les doigts. On mange une fraise sur deux. Et finalement le bol n'est pas aussi rempli qu'il aurait du. On s'installe dans le canapé et on grignotte d'aise les petites fraises larmoyantes. Les doigts tout plein d'eau et de jus de fraise qu'on sucent un à un en même temps que le restant de sucre dans le bol. Je me dandine vers la salle de bain pour me laver les mains, je fais la moue au miroir, des grimaces, quelques jolis sourires. J'enlève mon pull, mon tee shirt, je me regarde dans la glace. Je suis toute blanche. Le contraste avec le soutien gorge noir est saisissant. Je fais couler de l'eau bien chaude, je vide à moitié le pot de bain moussant dans le bain et j'enlève mon jean. J'aime beaucoup le petit frisson avant d'enter dans le bain. Je grelotte en enlevant mes sous vêtements et je me plonge dans l'eau. Je ferme les rideaux, je ferme les yeux, je me noie. La tête sous l'eau, j'écoute le bruit de l'eau qui coule dans le bain, j'ouvre un peu les yeux mais ça pique. J'attend dans l'eau bouillante que ma peau devienne toute moite puis je me décide à sortir de l'eau comme une naïade. je grelotte encore et piouf dans le peignoir. Je crois que j'aime bien les dimanches après midi. Si calmes et si stressants.