Elle était étendue là, tout près, sur l’herbe mouillée. La bruine s’étendait autour de nous, il pleuvait. Des ruisselles d’eau parcouraient son corps nu, dévalant des pentes et des chemins tant aimés, glissant sur sa peau diaphane et ses formes harmonieuses. Ses seins fermes, ses jambes interminables, son ventre lisse, tout était perfection. Ses cheveux noirs étaient étalés autour d’elle comme une parure de jais contrastant avec la pâleur de sa peau semblant briller étrangement sous la fine pluie glacée qui se déposait presque tendrement sur son corps dénudé, comme si la mort ne l’avait pas emportée dans son funeste royaume, comme si elle allait se réveiller d’un sommeil léger et me sourire encore, de ce sourire qui faisait chavirer mon cœur qui maintenant souffrait tant. Je voudrais entendre une dernière fois son rire enfantin, ses mots qu’elle me murmurait à l’oreille, tout ses mots tendres… je voudrais écouter sa voix mélodieuse une fois encore chanter sur cette berceuse qu’elle aimait tant et aussi goûter à ses lèvres fines et embrassés maintes fois tendrement. Pour elle la vie semblait être un immense cadeau, toujours joyeuse, riant d’un rien, la fée parmi les papillons de mon cœur, elle a aimé la vie comme elle ma aimé.. Mais maintenant, elle était là, d’une beauté irréelle, comme endormie, je n’avais plus la force de croire à son réveil… la révolte en moi s’atténuait, se dispersant dans tout mon corps…Elle dormait et j’allais m’endormir moi aussi, bientôt. Je me rapprochait alors pour laisser mes doigts courir sur son visage glacée, toucher ses lèvres tendrement, enlever la rigole d’eau qui commençait à se former sur son ventre lisse et pleurer en silence sur cet être tant aimé. Les larmes coulaient et tombaient comme la pluie, la tristesse se mélangeait à la fatalité… comme j’avait mal, j’avait mal en moi, en étau qui se resserrait, une révolte intérieure, une souffrance inexorable, un amour inébranlable et déçu… Alors je me suis déshabillé, et j’ai laissé mes vêtements dérivés dans le cours d’eau qui s’empressera de les emmener au loin. Puis je me suis coucher près d’elle, J’ai pris sa main glacée et ai fermé les yeux. Le froid m’envahissait mais je ne pensait à rien d’autre qu’a son sourire… le sommeil vint vite car j’allais bientôt la rejoindre…puis j’oubliais… j’oubliais la souffrance, j’oubliais le froid, j’oubliais la haine, l’injustice, la révolte …je m’envolait… je m’envolait auprès d’elle… auprès de son sourire…auprès de son amour…